Page:Marquiset,À travers ma vie,1904.djvu/157

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nous donner une leçon utile et des conseils que nous avons toujours suivis.

Nous manquions rarement, avec nos amis de la garde royale et des gardes du corps, les parties de plaisir en vogue ; nous étions fidèles aux fêtes de village qui se tenaient dans un certain rayon autour de Versailles ou bien entre Paris et cette ville ; nous étions connus pour d’intrépides danseurs aux bals de l’Étoile, à Saint-Cloud, à Meudon, à Sèvres, à Lucienne, aux Loges et à Viroflay ; nous avions surtout une prédilection, une tendresse véritable pour ce dernier endroit. Cela tenait d’abord à ce qu’étant très rapproché de Versailles, toute la bonne compagnie venait à cette réunion, ensuite parce que le maire du lieu était un vieux gentilhomme aimable, plein d’esprit, de gaieté, repoussant l’âge et les vieux, et qui donnait chaque année, à l’occasion de sa fête patronale, un dîner charmant auquel il invitait les jeunes gens les plus spirituels de la ville et de la garnison. Il y avait à Viroflay une salle de bal du plus délicieux aspect ; une demi-douzaine de tilleuls séculaires étendaient sur une pelouse toujours verte leurs rameaux enlacés et protégeaient ce salon de verdure contre les ardeurs du soleil et l’humidité de la nuit. Cette salle était splendidement éclairée dès que le soir arrivait, et les échos lointains répétaient de vallon en vallon les brillants refrains du célèbre orchestre de Collinet, le joyeux Musard de notre époque. À quelques pas en arrière de la salle de danse, on voyait, sur la lisière