Page:Marquiset,À travers ma vie,1904.djvu/182

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qu’il s’en retournait, les voleurs pour lui n’étaient point à craindre, il était même si complètement à sec, que je l’ai vu souvent emprunter quelques pièces de cent sous pour regagner Paris.


Le maréchal Jourdan avait pris M. des Touches en goût et venait le voir assez souvent. C’était un homme de taille moyenne, un peu gros, et portant des oreilles de chien à la manière des généraux de la république ; il avait les cheveux très blancs et, quoiqu’un peu cassé, était encore vigoureux.

Le vieux maréchal m’a paru être un homme très fin sous l’enveloppe de ce que l’on appelle un bon homme ; il était aimable et causait avec entrain. Bien que n’ayant pas été traité par l’empereur Napoléon de la façon à laquelle ses services lui donnaient droit de prétendre, il parle toujours avec respect du souverain déchu. C’est même chose curieuse, lorsqu’un homme du jour l’interroge sur Buonaparte ou le Corse, de l’entendre répondre par Sa Majesté l’Empereur.


(1819) M. Ravez[1], président de la Chambre des

  1. Ravez (Auguste-Simon-Hubert-Marie, comte), 1770-1849. Fils d’un marchand de parapluies, avocat à Lyon, député de la Gironde en 1816, conseiller d’Etat. Il présida la Chambre pendant dix sessions successives et acquit une grande influence sur la majorité parlementaire. Grand officier de la Légion d’honneur en 1824, commandeur des ordres du roi en 1825, premier président à la cour royale de Bordeaux en 1824, il fut élevé à la pairie en 1829 et resta étranger à la politique pendant le règne de Louis-Philippe.