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d’Artois et aux autres membres de la famille royale que le système de M. Decazes tendait à bouleverser la société et à amener une révolution, dont les résultats seraient terribles.

Toutes ces menées de la faction ultra-royaliste avaient pour but d’effrayer le vieux roi et de le forcer à adopter un ordre de choses rétrograde, que leurs vœux et leurs manifestations contre-révolutionnaires appelaient depuis longtemps ; mais Louis XVIII était fort entêté ; il suivit imperturbablement son système, sans s’inquiéter de la frayeur plus ou moins affectée de son frère et de ses neveux.

Dans cette position, les princes, ne pouvant rien obtenir en ce qui touchait à la politique générale, et voyant leurs recommandations devenir plus nuisibles qu’utiles aux leurs, sentirent la nécessité de se rapprocher du ministre favori afin d’arriver, par des moyens conciliants, à des concessions qu’ils avaient tâché, en vain, d’obtenir par l’adresse et la ruse.

Pour atteindre ce but, il fallait un homme souple, capable de conduire cette négociation avec tact et, en outre, assez habile pour ne pas compromettre les augustes personnages au nom desquels il allait agir. M. Capelle était là.

On jeta aussitôt les yeux sur lui. Ses fonctions, indépendamment de celles plus officielles qu’il occupait au Conseil d’État, se bornaient à faire connaître à M. Decazes les désirs des princes, non pas pourtant en ce qui concernait le système adopté, mais seulement pour