et de ses plus éloquents soutiens à la tribune nationale, de me comprendre sur la première ordonnance de nomination de sous-préfets qu’il aurait à soumettre à la signature de Sa Majesté.
Je quittai le ministère la joie au cœur, et crédule que j’étais, je m’endormis avec l’espoir de me réveiller coiffé d’un chapeau à plumes et l’épée au côté. Mais, hélas ! les promesses des ministres sont plus fragiles encore que celles des femmes, il faut les écrire sur le sable, avec une plume tirée de l’aile d’un papillon.
Pendant deux longs mois qui me parurent des siècles, je me rendis avec une religieuse exactitude aux soirées du premier ministre, et chaque fois qu’il m’adressait la parole, c’était toujours pour me dire que ma nomination paraîtrait incessamment. Un soir, entre autres, que je causais dans un des coins du salon avec mon ami, M. Dupeloux, sous-préfet de Corbeil, l’un des plus jeunes, des plus charmants magistrats de notre département de Seine-et-Oise, auquel le ministre de l’intérieur avait dès longtemps annoncé une préfecture, Son Excellence nous aborda, et, sans donner la moindre attention à mon voisin, elle me dit : « Vous saurez, avant la fin de la semaine, quelle sera votre résidence. » Convaincu que je n’avais plus qu’à commander mon habit brodé, j’allais quitter le bras de Dupeloux et m’esquiver, quand je m’aperçus que le pauvre sous-préfet avait la figure renversée ; il ne pouvait revenir du silence obstiné que le ministre avait gardé