CHAPITRE VIII
Je partis bientôt pour Mende, ma nouvelle destination. La veille de mon départ de Paris, je dînais chez M. le duc de Richelieu, alors président du conseil des ministres. Lorsque je fus annoncé, le duc vint à moi, me prit par-dessous le bras, selon son habitude familière, et m’entraîna dans l’embrasure d’une des fenêtres du salon. Là, il me tint ce langage : « Mon cher Armand, rappelez-vous bien la recommandation que je vais vous faire. Le département de la Lozère n’a qu’un seul député à nommer ; trois candidats se mettent sur les rangs, le comte René de Bernis, M. André (de la Lozère) et le général Brun de Villeret. Le premier de ces candidats ne saurait nous convenir ; je ne dis pas qu’il soit l’auteur des horribles massacres qui ont eu lieu à Nîmes, mais, en sa qualité de général inspecteur des gardes nationales revêtu de pleins pouvoirs, son devoir rigoureux, au lieu de rester froidement l’arme au bras et de laisser faire, était