Page:Marquiset,À travers ma vie,1904.djvu/202

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d’empêcher par des mesures énergiques que le sang ne coulât dans cette malheureuse cité. Nous n’en voulons donc pas. — M. André (de la Lozère) affiche des opinions royalistes extrêmes : on dit encore que lorsqu’il était commissaire des guerres sous l’Empire, il a payé cent mille écus en pays ennemi pour se faire acquitter d’un jugement qui devait le condamner à une peine grave, pour prévarication dans ses fonctions. Dans le doute, abstiens-toi, a dit le sage. Il faut donc éloigner M. André à tout prix. Reste le général Brun de Villeret ; c’est un brave militaire, un homme des plus honorables, ancien aide de camp du maréchal Soult ; c’est de plus un excellent citoyen fort aimé dans son pays. Le général Brun est libéral, très libéral même, mais allié en quelque sorte au parti royaliste par son mariage avec la fille du marquis de Lafarre ; il est de ceux qu’on peut facilement ramener. Voilà le candidat qui plaît le mieux au gouvernement ; rapportez à votre préfet ce que je viens de vous dire et ajoutez encore que nous lui saurons gré d’obtenir, par sa sage et discrète influence, que les choses tournent comme nous le désirons. »

Quelques jours avant l’anecdote que je viens de raconter, je dînais chez M. Paravey, banquier, rue de Paradis, à Paris, et l’un des plus anciens et des meilleurs amis de mon père ; j’y dînais avec le prince de Talleyrand, auquel le maître de la maison avait bien voulu me présenter. — Le vieux diplomate, après