Page:Marquiset,À travers ma vie,1904.djvu/204

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naître à mon préfet, M. Moreau, frère du célèbre général de ce nom, la mission confidentielle dont le duc de Richelieu m’avait chargé pour lui : « Bravo, me dit le spirituel préfet de la Lozère, bravo, je suis heureux de la nouvelle que vous m’apportez, car nulle puissance n’aurait empêché le général Brun de Villeret d’être nommé aux prochaines élections ; il aura même une très grande majorité, s’il n’a pas l’unanimité des suffrages. » Le général Brun de Villeret fut, en effet, élu peu après, à une majorité des plus imposantes.

Malgré mes antécédents appréciés, malgré mon zèle dans les doubles fonctions de secrétaire général et de sous-préfet de Mende, malgré ma jeunesse, je fus compris dans les grandes épurations inventées par le ministère Villèle. Ce cabinet ne voulant plus pour député, d’ailleurs, du général Brun de Villeret, imposait au préfet de la Lozère (c’était alors M. de Valdenuit, lequel occupait la préfecture du Jura lors de la révolution de 1830) l’élection des deux candidats que repoussait précisément, deux années auparavant, le ministère du duc de Richelieu. De nature indépendante et vivant d’autre part dans une grande intimité avec le général Brun de Villeret et sa famille, M. Jean-Jacques Guizot, sous-préfet à Marvejols, et moi, nous refusâmes de concourir l’un et l’autre à cette élection. Le crime, on le pense bien, était impardonnable et nous le payâmes de notre place.

Au moment de quitter Mende, après ma destitution