Page:Marquiset,À travers ma vie,1904.djvu/231

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variée, sa gaieté communicative. Il est royaliste ardent, mais il n’impose point son opinion ; quoique nous ne soyons presque jamais d’accord en politique, nous n’en sommes pas moins très liés, et j’espère que l’absence ne diminuera pas nos bonnes relations d’amitié.


Albert de Berthier, dont je parle plus haut, s’est acquis une célébrité assez triste quelques années plus tard en voulant, disait-on, essayer d’écraser avec son cabriolet le roi Louis-Philippe qui se promenait à pied dans la rue Saint-Honoré. Traduit pour ce fait devant la cour d’assises de la Seine, il a été acquitté. Je dois dire à sa louange qu’Albert, que j’ai revu plusieurs fois depuis, m’a juré sur l’honneur qu’il n’avait jamais eu l’ignoble projet de faire du mal au roi, mais seulement de lui faire peur.

Ruiné par les événements et peut-être aussi par ses dépenses à l’occasion d’une ou deux émeutes républicaines dans lesquelles le parti légitimiste prit couleur, Albert de Berthier s’est adressé directement à Louis-Philippe qui, sans la moindre rancune du passé, lui a fait donner une place assez importante en Algérie. On m’a dit qu’il avait eu, dans ses fonctions, des manquements regrettables à la suite desquels il fut révoqué. Je l’ai retrouvé à Paris où il publiait un journal sur l’Algérie ; il est mort presque dans la misère une ou deux années après son retour en France ; il était marié.

Ce jeune homme si distingué et dont la carrière s’était ouverte si brillante ne devait pas finir ainsi.