Page:Marquiset,À travers ma vie,1904.djvu/253

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

confiance aux troupes. Je rappelai succinctement les services du général, les dégoûts dont il avait été abreuvé aux premiers jours de la Restauration, ses beaux travaux en Amérique, etc., et comme l’auditoire entier trouvait fâcheux que ces détails ne fussent pas connus de l’armée, je rédigeai le lendemain une notice biographique. A-t-elle rempli son but ?

Un jour de grande réception, je dînais chez le ministre de la guerre avec un de mes bons amis, le comte de Boisdenemetz, aujourd’hui maire de Dole. Au moment où l’on allait se mettre à table, le général Bernard s’approcha de nous, et nous pria de ne pas sortir qu’il n’eût congédié tout son monde. « Nous avons, dit-il, beaucoup de choses importantes à traiter, et lorsque nous serons seuls, nous pourrons en causer tout à notre aise. » Le général Bernard était fils d’un simple plâtrier de Dole ; mais il était troublé, craintif, quand on lui demandait quelque chose pour sa ville natale, et tremblait toujours de se compromettre, soit en faisant accorder une faveur à son département, soit même en provoquant pour quelqu’un de ses compatriotes un acte de justice. C’est ainsi que n’ayant rien voulu faire, ni pour sa province ni pour ses habitants, son nom, qui à son retour d’Amérique était en très grande vénération dans sa localité, a perdu tout son prestige. Le général Bernard s’est occupé de ses gendres, encore de ses gendres, et son égoïsme a été au même niveau que celui des êtres vulgaires.

Les dernières personnes qui avaient à parler au mi-