Page:Marquiset,À travers ma vie,1904.djvu/254

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nistre étant parties, le général vint s’asseoir près de nous, sur un vaste canapé où la lassitude d’être restés deux grandes heures sur nos jambes, Boisdenemetz et moi, nous tenait cloués depuis quelques instants, et nous voilà à parler de beaucoup de choses d’un intérêt tout local. Au moment de nous séparer, il était plus de minuit, le général Bernard me dit textuellement en tenant mes deux mains dans les siennes : « Mon cher sous-préfet, il a été question hier soir, en conseil des ministres, d’une très prochaine promotion de préfets, et votre nom a été prononcé comme devant figurer un des premiers sur la liste. M. de Salvandy surtout a été pour vous très chaleureux ; je suis heureux de vous l’apprendre. » — Je remerciai le général de sa communication, et j’ajoutai : « Vous avez vous-même, Monsieur le ministre, un gendre qui est sous-préfet, et que vous tiendrez sans doute à faire passer avant moi ; ce désir est trop naturel pour que je puisse m’en blesser ; mais dans tous les cas, un ministre de la guerre peut très bien, sans être obligé pour cela de mettre la main sur la garde de son épée, peut très bien faire comprendre deux préfets de son choix sur la même ordonnance. — Ah ! mon jeune ami, vous ne me connaissez pas encore, répliqua vivement le ministre, comme si quelque mouche l’eût piqué ; M. Vernois de Saint-Georges doit aux bontés du roi une des plus jolies sous-préfectures de France, celle de Nogent, et pour devenir préfet il faut que comme vous, il ait gagné ses épe-