Page:Marquiset,À travers ma vie,1904.djvu/302

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Homme de cœur, esclave intelligent de la discipline, militaire sans ambition, Noirot ne se plaignit pas de sa disgrâce ; il vint, dans l’intérêt de l’éducation de ses deux enfants, s’établir à Vesoul, où il mourut entouré de l’estime générale.

Je n’ai trouvé nulle part que Noirot ait été nommé lieutenant-colonel, mais comme, dans la gendarmerie d’élite, on avait de droit le grade immédiatement supérieur à celui dont on portait les insignes, il paraît hors de doute que cet officier a été mis à la retraite avec le grade de lieutenant-colonel. D’ailleurs on ne l’appelait jamais que colonel, et il ne se serait certainement pas laissé donner un titre qu’il n’aurait pas eu le droit de porter.


Francis Wey est petit, bien découplé et portant haut la tête. Son regard est ferme, pour ne pas dire insolent ; un sourire de persiflage se promène habituellement sur ses lèvres, et ses moindres gestes annoncent une assurance voisine de la présomption. La masse un peu crépue de ses cheveux et ses moustaches abondantes semblent encore rehausser la hardiesse de sa physionomie ; il est parfaitement pris dans sa taille, ses membres sont bien faits ; il est fort vigoureux, non pas toutefois d’une force et d’une vigueur suffisante pour lui permettre de terrasser un homme de cinq pieds six pouces. C’est là précisément qu’est sa prétention, car, en général, nous voulons toujours faire ce que nous ne savons ou ne pouvons pas faire. Dites à un officier d’in-