Page:Marquiset,À travers ma vie,1904.djvu/303

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fanterie qu’il ne marche pas bien, il rira dédaigneusement ; dites-lui qu’il ne sait pas monter à cheval, la rougeur lui couvrira le front et il vous fera mettre l’épée à la main pour vous prouver qu’il est bon écuyer. J’ai eu un préfet bossu qui disait naïvement : « J’ai les épaules rondes ! » mais jamais il ne serait convenu qu’il avait une bosse.

Quand Francis Wey est en train de raconter, et il y est souvent, par bonheur pour ceux qui l’écoutent, il y a toujours parmi ses nombreuses historiettes deux ou trois aventures qui lui sont personnelles et qui mettent en relief sa force herculéenne.

Un soir, au sortir du spectacle, il était foulé par un garde municipal qu’il avait étreint d’un poignet de fer et qu’il avait mis à la raison. Un autre jour qu’il se promenait sur les bords de la Seine, une barque chargée de femmes et d’enfants était emportée par un courant rapide ; il avait saisi brusquement la corde de la barque et l’avait arrêtée court au moment où elle allait chavirer. Une autre fois encore, un voyageur (et ce voyageur, bien entendu, était un colosse) avait voulu lui disputer sa place dans la diligence ; il avait pris, lui Wey, le querelleur par les épaules et l’avait jeté par la portière, les quatre fers en l’air.

Wey a ses manies, comme chacun de nous a les siennes ; sa nature, il faut le dire, est un peu âpre, un peu comtoise ; il était ainsi quand il était enfant, il était de même au collège, il n’était pas autrement quand il devint jeune homme. Les manières bruyantes dont