Page:Marquiset,À travers ma vie,1904.djvu/308

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tout ce qui se passe sous ce nouveau gouvernement.


(Mars 1852.) Nous sortons de chez le prince président de la république, avec la députation de Gray ; il nous a reçus avec une extrême bienveillance. C’est un homme un peu timide, d’une impassibilité terne, dont aucun visage connu ne saurait donner l’idée, mais d’un abord facile et avec lequel on cause sans gêne comme sans embarras. Il écoute avec une grande attention et cherche, avant de répondre, à se bien pénétrer de l’affaire dont on lui parle. Louis-Napoléon a, dans les manières, une extrême simplicité, une mise à l’aise des plus complètes. Il est plus petit que je ne le pensais. Au premier abord sa figure parait commune, elle est trop forte pour sa taille, un peu gravée de petite vérole, et son nez, assez proéminent, est escorté d’une paire de moustaches qui lui couvrent entièrement la bouche. Ses yeux mats sont caressants et son sourire est des plus gracieux. Il a un pied qu’un statuaire pourrait prendre pour modèle, et ses mains, sans être d’une distinction aussi parfaite que celles de son oncle, sont pourtant très jolies.

Nous avons été introduits dans le cabinet du président par le colonel Edgar Ney, revêtu de son élégant uniforme du 6e régiment de hussards qu’il commande.


(Mars 1852.) Le général Rebillot nous a raconté hier pendant le diner plusieurs anecdotes curieuses, entre autres celle qui suit :