Page:Marquiset,À travers ma vie,1904.djvu/36

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dotèrent de ce patronage tiennent à la Révolution, elles sont assez curieuses.

Dans le moment le plus critique de la Terreur, Mlles  Simplicie et Armandine de Richelieu, dont le frère émigré était allé chercher asile en Russie, craignant pour leur tête, demandèrent à quelques amis intimes sur quel point de la France elles pourraient être mises à l’abri d’une arrestation, et, dans ce temps-là, chacun se le rappelle, une arrestation, c’était la mort.

Un ami de ma famille, M. Aimé de Chevrand, arrivé la veille à Paris, se trouvait par hasard dans le salon où étaient Mlles  de Richelieu. Cet honorable et courageux Franc-Comtois, qui avait pour la royauté un amour fanatique, lequel avait failli, à plusieurs reprises déjà, lui coûter la vie, fut consulté sur ce point délicat. Il dit qu’il se chargeait volontiers de mettre Mlles  de Richelieu en lieu sûr, et qu’il en répondait sur sa tête. Ces dames se confièrent à la loyauté de M. de Chevrand, et elles eurent raison. Elles quittèrent Paris le lendemain et se dirigèrent sur Besançon, où elles arrivèrent sans obstacles, munies d’une lettre de Chevrand pour ma grand’mère, avec laquelle il était lié depuis l’enfance d’une étroite amitié. Ces dames, bien entendu, avaient obtenu des passeports sous de faux noms et, n’étaient suivies que d’un valet et d’une femme de chambre. On ne voit plus guère aujourd’hui de ces serviteurs dévoués et fidèles comme ceux dont nous parlons. Ceux de Mlles  de Richelieu s’appelaient Mr  et