Page:Marquiset,À travers ma vie,1904.djvu/38

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mon aïeule. Le danger alors rapprochait les distances et confondait les rangs.

Touchées des bontés, des attentions délicates que l’on avait pour elles, ces dames s’habituèrent sans peine à la vie uniforme, douce et calme de ce petit intérieur qui ne se composait que de trois personnes, la mère, la fille et le mari de celle-ci. Ma mère, Marguerite-Sophie Duport des Herbeys, avait épousé, au sortir d’un des meilleurs couvents de Dijon, Laurent Marquiset, mon père, beau jeune homme de vingt-quatre ans, fils d’un négociant estimé de Besançon, et qui arrivait de l’armée. Mon père était renommé pour sa jolie tournure, son physique plein de distinction et l’éclat passager que jetaient sur lui sa campagne sur le Rhin et sa blessure en firent, lorsqu’il fut de retour dans sa ville natale, un des jeunes gens les plus recherchés.

Heureuses de n’avoir plus de craintes pour leur vie, Mlles de Richelieu se lièrent bien vite avec ma mère qui était de leur âge (vingt-deux à vingt-trois ans). Celle-ci avait de fines manières, une charmante figure, de la grâce, beaucoup d’esprit naturel, et, sous ces divers rapports, allait parfaitement de pair avec ses nobles amies.

Je vins au monde plusieurs mois après l’arrivée de Mlles de Richelieu, et la seconde, Mlle Armandine, dont ma mère préférait la douceur angélique et les démonstrations aimantes au caractère décidé, malin de sa sœur, voulut être ma marraine. Ces dames, qui ne cessaient de rêver le retour des Bourbons, répétaient