Page:Marquiset,À travers ma vie,1904.djvu/40

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savait tout le siècle par cœur. Le côté plaisant et ironique des choses lui apparaissait toujours avant tout, il ne prenait au sérieux que Dieu et l’honneur. Tout le reste était pour lui de la comédie humaine. Il se moquait de la pièce, mais il avait pitié des acteurs.


Grâce au zèle qu’il montrait pour la prospérité de l’industrie locale, grâce à ses rapports d’amitié avec les hommes les plus instruits de notre province, MM. Clément, devenu questeur de la Chambre, Joseph Droz, de l’Académie française, J.-J. Ordinaire, de l’Académie des sciences morales, Emmanuel Jobez, député du Jura, grâce à son intimité avec M. Courvoisier, que son noble caractère et son beau talent avaient rangé, dès les premiers jours de la Restauration, parmi les politiciens les plus influents, mon père jouissait d’une juste considération à l’extérieur. Par contre, à l’intérieur, il faisait à ses enfants plus peur que le diable ; d’un seul de ses regards impératifs, il nous aurait fait passer par le trou de la serrure ou rentrer en terre. L’influence de l’éducation influe puissamment sur tout le reste de notre vie.

Occupé d’affaires d’un grand intérêt et qui l’absorbaient sans cesse, nous passions dans les arrangements de sa vie après le travail et nous nous sommes ressentis plus d’une fois de ce manque de soins.

Ma mère, d’une nature aimante, exceptionnelle, parfaite, tâchait, dans les circonstances délicates, de servir de contrepoids à la sévérité paternelle, mais ce contre--