Page:Marquiset,À travers ma vie,1904.djvu/75

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Elles décoraient, avant la Révolution, le haut de la porte principale du château de Pesmes, et avaient été volées, lors du pillage de ce château, par un malheureux qui les avait vendues pour un morceau de pain à un maréchal ferrant de Marnay, lequel les avait conservées dans son grenier jusqu’à ce qu’il pût les mettre en vente sans être inquiété. Notre vieil ami avait trouvé ces deux canons par hasard, et s’en était rendu acquéreur en notre intention. Jamais don ne nous fut plus agréable ; aussi fut-il accueilli par de longs transports de joie. Nous aimions les armes, la poudre, tout ce qui faisait du bruit et ressemblait à la guerre, et ce nouveau moyen d’entretenir nos goûts et d’exercer notre adresse à la cible nous formait déjà une perspective de bonheur.

Avant d’aller sur le terrain avec nos pièces, nous fîmes faire à chacune d’elles un avant-train, avec caisson ; mais, pour ressembler complètement à l’artillerie qui défilait sous nos yeux, deux fois par jour, en allant au polygone, nous voulions avoir encore, à la suite de nos pièces, deux fourgons d’approvisionnement. Nous nous mîmes aussitôt à l’œuvre, et, en moins d’une semaine, nous confectionnâmes nous-mêmes ces fourgons, dans les dimensions voulues, avec tous les agrès nécessaires ; puis, un beau matin, nous allâmes essayer le tout, et faire l’exercice du tir sur la lisière du bois La Dame, de l’autre côté de Saint-Ferjeux.

Tout apprenti enseigne de vaisseau que j’étais peu