Page:Marquiset,À travers ma vie,1904.djvu/79

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sorties heureuses pour se procurer du fourrage, et ces escarmouches, dans lesquelles continuait à briller la bravoure habituelle de nos soldats, ne pouvaient guère contribuer à rétablir nos affaires. Je dirai ici que dans une place bloquée, les mesures de sûreté, de police, de ravitaillement, effraient bien plus les habitants que le canon de l’ennemi.

Pourtant, nous ne devons pas faire les faux braves, et je dois avouer que le bombardement dont je viens de parler causa à toute notre ville un effroi sans pareil. Quand une bombe ou un obus tombait dans un quartier, on fuyait dans un autre, et dès qu’un projectile tombait de ce côté, on se sauvait de nouveau vers un autre point. Les troupes avaient également quitté leurs casernes devenues le point de mire des artilleurs autrichiens, et circulaient aussi dans les rues. Tout ce mouvement, tout ce bruit du pas des chevaux et des armes, contribuaient à augmenter la frayeur, et on attendait le jour dans les angoisses les plus cruelles. Enfin l’aurore parut, et on s’occupa de réparer les légères dégradations que les bombes ennemies avaient faites aux toitures des maisons. Quelques seaux d’eau avaient suffi pour empêcher le développement de deux ou trois incendies partiels. Il n’y avait point ou presque point de mal, car avant la fin de la journée, il ne restait aucune trace du bombardement de la nuit précédente.

Le général Marulaz, de concert avec l’autorité civile, avait organisé une garde nationale composée des meil-