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leurs citoyens et des jeunes gens de bonne volonté de la ville. Mon frère Achille et moi, nous faisions partie de cette milice bourgeoise, chargée seulement du service intérieur de la place, afin de laisser reposer la garnison souvent harassée de fatigue à la suite de sorties pénibles. Nous avons eu plusieurs alertes pendant que nous montions la garde, mais une des plus sérieuses est celle que je vais raconter.

Une nuit, nous trouvant de garde à la porte de Beure, nous entendîmes, vers minuit, de violentes décharges de mousqueterie sur le fort de Chaudanne. On relevait chaque soir le poste de cette forteresse, qui se composait d’un détachement de trois cents hommes.

Ce poste sortait silencieusement à onze heures du soir par la porte de Beure et montait à Chaudanne, après avoir traversé le Doubs dans deux bacs, par un étroit sentier en lacet protégé par le canon de la place, et qui avait été pratiqué tout exprès pour ce service. Il y avait à peine une heure que nous avions ouvert la porte au détachement du 93e de ligne, lorsque nous entendîmes la décharge dont je viens de parler.

Voici ce qui était arrivé : les Autrichiens postés à Saint-Ferjeux et dans les environs, prévenus par des traîtres ou par des espions de l’heure de la nuit à laquelle on devait relever les troupes de Chaudanne, se mirent en marche au nombre de quatre à cinq cents pour surprendre le fort. Ce fort était commandé par un lieutenant-colonel du nom de Sadet, vieux soldat