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Page:Marsile - Liola ou Légende Indienne, 1893.djvu/12

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LIOLA


Lionel fut ainsi jeté, comme une épave,
Dans un port qui tendait vers lui des bras amis,
En vain sur le rocher le flot crache sa bave,
En vain le vent rugit comme ses ennemis,
Loin d’eux, paisiblement, sur la rive, il repose.
La tempête bientôt commence à s’apaiser.
Sur son front en passant, chaque étoile dépose
Un rayon de lumière, ainsi qu’un doux baiser.
Descends, chaste sommeil ! Viens clore sa paupière !
Oh ! viens comme, le soir, la nuit succède au jour
Et qu’il s’endorme, heureux, même sur une pierre,
Bercé comme autrefois dans les bras de l’amour !
Le sourire déjà sur son visage jette
Son pur rayonnement : quelle sérénité !
Comme en un lac d’azur, sur ses traits se reflète
Le calme de la mort ou de l’éternité !
Son corps est immobile ; aux choses de la terre
Ses yeux sont fermés ; et tout ce qu’éveillé
Il rêva tant de fois, ô ravissant mystère !
Son regard l’entrevoit, joyeux, émerveillé.
Jacob, en son sommeil, d’une échelle de flamme,