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LE CAPTIF

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Qui chasse du captif la douce rêverie ?
Non ! c’est tout près, la voix du terrible vainqueur
Que l’orage menace et qui se plaint et prie.
Car les vents déchaînés, comme un infernal chœur,
L’ont fait trembler d’effroi. L’éclair, serpent de flamme,
S’échappe de la nue et siffle sur les flots ;
Et les frêles esquifs, balancés sur la lame,
Semblent parfois se tordre, ainsi que des roseaux,
Et d’eux-mêmes plonger dans le béant abîme.
Pourtant l’enfant des bois, contre les éléments
Qui se déchaînent, lutte, impassible, sublime,
Tandis que Lionel dans les flots écumants
Croit à chaque instant voir s’ouvrir sous lui la tombe
Qui finira ses maux. C’en est fait ! Sous les coups
Du fleuve furieux, chaque rameur succombe.
Le canot est brisé ; les vagues en courroux
Rejettent ses débris sur la rive voisine :
L’Indien disparaît avec un dernier cri.

Mais plus d’un cependant à se sauver s’obstine
Et se cramponne aux bords, tout sanglant et meurtri.