Page:Marsile - Liola ou Légende Indienne, 1893.djvu/17

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
15
LE CAPTIF


De la nuit éternelle où jamais n’est venu
Un rayon de soleil, une lueur d’étoile.
Mais cependant parfois la voûte des rameaux
S’entr’ouvre sur le ciel : la forêt se dévoile
Comme un visage frais de vierges aux hameaux.

Il faut partir, enfant de la cité ! Pénètre
Sous ces toits de feuillage où n’entre plus le jour.
Au-dessus de toi, l’arbre à l’arbre s’enchevêtre,
Et leurs longs rangs épais font un noir carrefour.
Au pied rugueux du chêne et du pin, rien ne pousse.
Tu ne foules partout que débris jaunissants,
Que feuillages morts ; mais, dans l’air, quelle odeur douce !
C’est comme sur l’autel un nuage d’encens…
L’un sur l’autre entassés, ici, des troncs énormes
Dressent de tous côtés d’infranchissables murs
Et le pas, s’éloignant de ces étranges formes,
Ne touche devant lui que des marais impurs.
Les lianes, plus loin, se suspendent aux branches :
De leurs voiles épais les tissus épineux