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AUX MILLE ÎLES.


Et sur vos frais contours la vague palpitante
S’élevait comme un sein gonflé par le bonheur.
Quel cri frappe l’oreille ! Est-ce pour lui répondre
Que les bois et les flots semblent prendre une voix ?
Ainsi qu’un bruit lointain d’orage qui va fondre,
On entendait rugir les chants de l’Iroquois.
Voyez-le ! Des bouquets de plumes sur sa tête
Et sur son corps cuivré plus de mille couleurs !
Son œil est plein d’éclairs : déjà sa main s’apprête
À verser au vaincu la coupe des douleurs.
Chaque esquif paraît sur l’eau voler comme une aile
Sans répondre pourtant à l’ardeur de ses vœux.
Souffle, tiède zéphyre, haleine fraternelle !
Hâte le doux retour, l’heure des doux aveux,
Et tressaillez d’orgueil, vous, îles fortunées !
Ils reviennent vos fils ! ils reviennent vainqueurs !
Et comme au radieux jour de leurs hyménées,
Que vos voix aujourd’hui forment de joyeux chœurs
Les Césars n’ont jamais, après une victoire,
Sur leur char triomphal senti plus de fierté :