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Page:Marsile - Liola ou Légende Indienne, 1893.djvu/21

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LIOLA.


Mais ô Saint-Laurent, tu l’as aussi ta Venise,
Reine de ton flot bleu dont les chants sont si doux !
Mille Îles ! oasis flottant sur l’onde claire,
Comme un rêve d’amour, vos verdoyants berceaux
Sont-ils tombés des cieux ? Le jour qui vous éclaire
Ne fait il pas de vous le paradis des eaux ?
Les temps ne sont plus où d’un collier d’émeraudes
Vous enlaciez le cou d’argent du fleuve-roi :
Lorsque dans la cité soufflent les brises chaudes,
Le riche accourt vers vous avec un doux émoi.
Le wigwam a fait place à la fière tourelle.[1]
L’écho ne retentit plus du chant des combats,
Et les vents embaumés emportent sur leur aile
Les cris que l’enfant jette en ses joyeux ébats,
La nacelle, le soir, comme le cygne, vogue
Et s’arrache à regret de ce riant séjour.

Mais jadis vers vos bords cinglait une pirogue :
Un guerrier de vos fils annonçait le retour.
Ô Mille Iles ! alors vous étiez dans l’attente :
Et chaque arbre à son front balançait une fleur

  1. La partie du fleuve St-Laurent, qui se trouve à l’est du lac Ontario, est remplie d’un grand nombre d’îles aux formes les plus variées. Sur plusieurs d’elles sont construites maintenant d’élégantes villas qui servent de résidences pendant l’été.