Page:Marsile - Liola ou Légende Indienne, 1893.djvu/24

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
23
AUX MILLE ÎLES.


Autant de fois qu’aux champs des guerriers sont tombés :
Une exclamation de douleur semble rendre
Le chagrin sous lequel tous les fronts sont courbés.
Que de braves là-bas gisent dans la poussière
Qui ne sentiront plus les souffles printaniers !
Écoutez ! Maintenant ce sont les cris de guerre :
Si peu de scalps de blancs ! Comptez les prisonniers :
Un seul pour assouvir la haine dont déborde
Chaque âme en ce moment !

Chaque âme en ce moment ! Cependant les vainqueurs
S’avancent fièrement et chacun les aborde.
Faut-il que tant d’absents fassent saigner les cœurs !
« Sois heureux, » dit un chef en rencontrant un père :
« Ton fils a combattu comme un buffle indompté. »
« Le tien est mort, » annonce un soldat à sa mère.
« C’est pour cela, tu sais, que mes bras l’ont porté, »
Répond-elle, essuyant de sa main les deux larmes
Qui voilent son regard et disent son amour ;