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LIOLA.

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Derrière les guerriers, dépouillé de ses armes,
Mais couronné de fleurs, plus serein que le jour,
S’avance Lionel, l’héroïque victime.
Comme on voit voltiger dans la lumière d’or
Les insectes d’azur que la chaleur ranime.
Les Indiens joyeux, en un commun essor,
Semblent autour de lui s’élever dans leur danse.
Leurs longs bâtons de cèdre et leurs rameaux plia
Sur ses membres meurtris, s’abattent en cadence.
Mais ne dirait-on pas à ses traits souriants
Qu’avec eux il accourt célébrer une fête ?
Rien ne peut l’émouvoir : tels les pins toujours verts
Quand le chêne s’effeuille aux coups de la tempête
Gardent leur fraîcheur sous le souffle des hivers.

Il passe entre les rangs de la troupe ennemie,
Comme un fleuve qui roule avec lenteur ses eaux
Entre les deux bords d’où s’épanche une ombre amie
La foule arrive au Bois du sang : de frais arceaux[1]
Au-dessus des passants arrondissent leur branche ;

  1. Au centre de ce bois s’étendait une arène, où l’on sacrifiait les prisonniers de guerre.