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LIOLA

C’est vers un de ces lieux que voguent les pêcheurs.
Du fleuve on a choisi la plus profonde courbe ;
L’écume sur l’eau n’y jette pas ses blancheurs :
C’est comme un clair miroir, et celui qui se courbe,
Dans l’onde voit nager le poisson frétillant.
Chacun se met à l’œuvre et l’on guette au passage
L’esturgeon qui montre à fleur d’eau son dos brillant.
Le dard, que le canot retient selon l’usage,
Paraît dans chaque main et, prompt comme l’éclair,
S’enfonce dans les flancs d’une proie en sa fuite.
L’esquif entraîné fend, pendant quelque temps, l’air ;
Mais il se ralentit bientôt en sa poursuite,
Car le poisson blessé flotte déjà sur l’eau.
Quel mouvement partout et pourtant quel silence !
Les bois encadrent d’or ce mobile tableau
Où, comme un cygne blanc, le filet se balança
Et les dards font jaillir des perles au soleil.

Pas de repos : pendant le jour dure la pêche ;
Pendant toute la nuit, l’on chasse le sommeil ;