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LA PÊCHE.


Avancez ! Des flambeaux les sanglantes lueurs
Vous guideront au fond des eaux où tout s’efface.
Disputez cette proie aux esprits qui sont là
Pour l’attirer au gouffre où le trépas l’appelle.
Lionel, que fais-tu ? C’est elle, Liola !…
Il s’élance et soudain il revient avec elle !
L’astre levant n’a pas un front plus radieux
Que Lionel sortant des flots avec la vierge
Sur son cœur inclinée : ô fardeau précieux !
Pourtant quelle pâleur, quand des flots elle émerge,
Sur ses traits encadrés de ses longs cheveux noirs !
Ses beaux yeux sont fermés ; mais sa bouche entr’ouverte
Cherche l’air qui lui manque : ô quels ardents espoirs
Remplissent tous les cœurs et sur sa tête inerte
Croient voir ces chauds rayons qui présagent le jour !
Elle est là, sur les bords que le grand fleuve arrose,
Et chacun à la vie appelle son retour :
On soulève sa tête et sur l’herbe on la pose :
Tous les soins inventés par l’instinct maternel
Sont à la fois rendus à la chère victime.