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NIAGARA.

Du héros, son sauveur, comme font les ingrats.
Que de jours envolés depuis cette soirée
Où Lionel l’avait emportée en ses bras,
Sans briser les liens de leurs âmes fidèles.
À l’automne les bois richement nuancés,
En gémissant avaient vu fuir les hirondelles ;
Puis au souffle du vent, en tous sens balancés,
Comme des papillons blancs, les flocons de neige
Avaient de Lionel enchanté le regard.
De ce premier hiver le virginal cortège
Lui révélait dans sa splendeur un monde à part.
Quand, ô chastes essaims, en étoiles ailées,
Vous descendiez des cieux, il plaignait votre sort :
Il voulait que par vous les cimes soient voilées
Et non la terre d’où la fange infecte sort.
Pourtant, rêveur, parfois sur l’argile glacée,
Il abaissait ses yeux, disant à Liola :
« Qu’elle soit comme toi, pure, ô ma fiancée ! »
Et lorsque de blancheur la plaine se voila,
Avec tous les guerriers, il partit pour la chasse,