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LIOLA

T’apporte le tribut d’hommages incessants,
Ainsi qu’à quelque dieu dans un immense temple :
Ah ! dignement tu sers de voile à l’infini !
Et sous ton ombre, l’œil l’entrevoit, le contemple,
Toujours inépuisable, éternel et béni !
Aussi l’enfant des bois, soumis à ton empire,
Dans tes flots entendait la voix du dieu des eaux.
Et, quand venaient les jours où la brise soupire
À l’oreille des fleurs les plaintes des roseaux,
Il t’offrait sur tes bords la victime annuelle :[1]
Une vierge dans tout l’éclat de sa beauté.

Aujourd’hui c’est le tour d’une race cruelle.
L’Iroquois, accouru vers la divinité,
Plein d’aveugle foi, vient offrir son sacrifice.
Des wigwams il avait quitté le doux séjour
Pour conjurer du dieu l’horrible maléfice.
Pas un seul à l’appel ne manquait en ce jour :
Liola ne s’était pas non plus séparée

  1. Les Indiens avaient une religieuse vénération pour la chute Niagara, qu’ils regardaient comme une vraie divinité. Ils lui témoignaient leurs adorations en jetant leurs calumets, des colliers et d’autres objets dans les rapides et l’on dit qu’ils se croyaient obligés d’offrir tous les ans à l’esprit de la cataracte le sacrifice de deux victimes.