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LA PÊCHE.

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Mais pourquoi les beaux jours ont-ils leurs nuits d’épreuve ?
Pourquoi sous le flot clair faut-il frapper l’écueil ?
À la source des pleurs, hélas ! l’âme s’abreuve
Et nos bonheurs toujours s’obscurcissent de deuil !
Pourtant les jeunes cœurs épanouis de joie
Au printemps de l’amour ne savent pas douter :
L’orage menaçant, que l’aquilon envoie,
Dans leur ciel toujours pur pourrait-il éclater ?
Ainsi pensent ceux à qui sourit l’espérance,
Et même à cet instant où leur vie est en jeu.
Mais leurs compagnons n’ont pas tous cette assurance :
Car le conseil sacré doit s’assembler sous peu.
Déjà le peuple accourt sur les bords de l’abîme,
Suivant silencieux, les sentiers escarpés
Et demandant parfois : qui sera la victime ?
Le soleil disparaît. Les cieux sont estompés
De nuages flottant comme des crêpes sombres.
Les bords de l’horizon semblent ensanglantés.
La lune a la pâleur de la face des ombres
Et, seule, éclaire encor ces endroits attristés.