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LIOLA

L’union éternelle au bonheur les convie ;
Mais toute autre pour eux n’est qu’ivresse d’un jour.
La séparation vient, mortelle agonie !
Arracher du rameau ce nid d’oiseaux chantants,
Briser ces doux accords de la même harmonie
Partager d’une chair les membres palpitants.

Des mourants la prière allait être entendue.
À passer en ce monde, ils n’avaient plus qu’un jour.
Une île pleine d’ombre et comme suspendue
Sur les grondantes eaux fut leur dernier séjour.
Ils vont par ces sentiers où comme eux, à la veille
De leurs adieux sans fin, d’autres avaient passé.
Il leur semble entrevoir une ombre qui s’éveille :
Que sous les bois son front paraît pâle et glacé !
Que son regard est triste ! Ah ! sans doute c’est celle
Qui vint ici gémir à son dernier printemps.
Le rameau d’une pluie odorante ruisselle :
Ses pleurs ainsi des yeux jaillissaient tout le temps ;
Et, dans l’air, ces soupirs ne sont-ce pas ses plaintes ?