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LE SACRIFICE.

Liola s’écriait : « Ô funèbre séjour,
Conserve de nos pas les légères empreintes,
Dans la voix de tes flots nos doux serments d’amour !
À cette heure demain nos bouches seront closes,
Nos pieds ne fouleront plus ces riants gazons »…
Et le long des sentiers sa main cueillait des roses
Et ses yeux se tournaient vers les bleus horizons.
« Être pleine de vie et tout à l’heure morte !…
Le corps que tu soutiens sera donc ballotté,
Comme une épave qu’au large la vague emporte !
Et ces yeux enivrés de ta fière beauté
Oh ! seront pour toujours fermés à la lumière !
Mourir, ô Lionel, mourir ! y penses-tu ?
Esprits cruels, pourquoi voulez-vous ma poussière ? »
Et son corps s’affaissait frissonnant, abattu.

« S’il n’était au-delà d’ici-bas d’autre vie,
Liola, l’avenir serait désespérant, »
Répondait Lionel. « Ah ! mais tout nous convie
Au jour qui ne meurt point ! En toi, même en mourant,