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LIOLA.

Contre l’affreux néant ton âme se rebelle :
Elle veut le bonheur, aspire à l’infini !
La terre, que tu vois si rayonnante et belle,
De l’éternel séjour n’est qu’un reflet terni.
Il faut mourir ! Pour nous, quand l’heure est devancée,
S’il est d’amers regrets, c’est que la mort nous prend
Un de ces courts bonheurs dont l’âme s’est bercée ;
Mais l’éternité, crois-m’en, bientôt nous le rend.
La graine que ta main confiait à la terre
Devait-elle y rester sans vie et sans réveil ?
Non : à chaque printemps, — attendrissant mystère ! —
Elle sortait du sol pour fleurir au soleil.
Quand tout meurt pour renaître, il faut mourir pour vivre !
Comme l’insecte ailé qui, brisant sa prison,
Vers le ciel prend l’essor et de soleil s’enivre,
Quelque chose au tombeau soulève le gazon
Et l’esprit, déployant des ailes immortelles,
S’envole vers l’azur, vers la félicité !
Des divinités qui, pour nous, sont si cruelles —
Je te l’ai dit déjà — ne sont que fausseté.