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LIOLA.

« Non ! Lionel, jamais ! Mon cœur aussi le sent, »
S’écriait Liola, « comme ta foi l’assure.
Je n’hésiterai plus : ton Dieu sera mon Dieu !
De mon âme, ta main lavera la souillure.
Avant que de mourir — ah ! je t’en fais l’aveu
À cette heure suprême — il faut que je devienne
Par l’eau digne de toi, digne du Créateur.
C’en est fait, Lionel, tu me verras chrétienne,
Et nous ne ferons qu’un par l’esprit et le cœur ! »

De tant d’émotions leurs âmes étaient lasses.
Leur voix aussi se tait comme le bruit du jour.
La douce obscurité, descendant des espaces,
Enveloppe le ciel et l’île tour à tour.
Ô nuit, qui viens porter le silence à la terre
Et verser dans le cœur des malheureux l’oubli,
Entoure ce rivage et d’ombre et de mystère
Et sur eux de ton voile étends le sombre pli
Afin que leur paupière à ce monde soit close