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LE CAPTIF


Et l’œil de Lionel, qui, d’un berceau de vigne,
L’a vu fuir, semble dire en son affliction :
« Mélodieux oiseau, que ne puis-je te suivre !
Tu voles vers ton nid, ce gîte aérien,
Où ta compagne aimante, au retour, de joie ivre,
À ton long cou de neige enroulera le sien ;
Mais, moi, je n’irai plus vers ces lieux pleins de charmes
Où fut mon berceau, nid que m’avait donné Dieu,
Où m’attendent toujours ceux dont les douces larmes
Ont baigné mon front pâle en me disant adieu ! »

Au-dessus des forêts, la lune, belle et pure,
Paraît soudain et trace un sillon argenté
Qui semble être un reflet, au sein de l’onde obscure,
Du céleste chemin, pont d’étoiles jeté
Sur les flots de l’azur ; et Lionel oublie
Que ce sentier, semé d’astres comme de fleurs,
Est celui du Calvaire ; et la mélancolie,
Plus douce que la nuit, assoupit ses douleurs.
Si ses bras sont liés, son âme ouvre ses ailes