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autour de peyreleau

quelque religieux du monastère de Rozier soucieux de la vie contemplative, ou encore pour servir de refuge en temps de guerres et de pillages.

La halte du déjeuner se fait tout naturellement à la fontaine du Tel, où ne tarit jamais l’eau la plus pure ; puis, laissant à gauche les formidables bastions surplombants du Clot, hanté par les aigles, on traverse le bout du causse par le hameau de Cassagnes (environ 900 m.).

En passant derrière le Cinglegros au nord et en allongeant la course de trois à quatre heures, on pourrait, par Volcégure et la Bourgarié (866 m.), aller visiter le même jour le pas de l’Arc et le mont Buisson (1,069 m.), d’où l’on rejoindrait Cassagnes à travers champs : les cotes 997 et 898 marquent la direction de la descente. De Cassagnes, le retour s’effectue par le sud et le versant de la Jonte, au milieu de ravins, abîmes, tours, piliers et statues géantes, dont rien ne donne meilleure idée que l’élégant Vase de Sèvres ; ce monolithe a 20 mètres de hauteur ; une rouge falaise de dolomie, élevée de 100 mètres, lui sert de support ; un autre pilier analogue et de même taille lui fait pendant, et tous deux couronnent une sorte de cirque profondément évidé dans l’escarpement et qu’on a très justement dénommé le Portique des Géants ; tout près encore, un troisième champignon, plus petit, rappelle à s’y tromper une tête de caniche. On circule là parmi la procession de rocs si étrange à contempler du rocher Fabié sur le causse Noir. (V. p. 106.) Enfin, avant de rejoindre Capluc, on contourne les flancs abrupts du ravin des Six Echos, où le son se répercute six fois entre les falaises. Sur tout ce parcours, le regard éperdu a peine à distinguer la Jonte et Peyreleau au fond d’un précipice de 1,200 pieds. Nulle part le mot de corniche n’a été mieux appliqué qu’à cette promenade, car, durant les cinq à six heures qu’elle demande (sans le détour du pas de l’Arc), on chemine sur d’étroites terrasses ménagées par les eaux des anciennes grottes en plein travers de murailles à pic. (V. chap. XXIII.)

Cette excursion est assurément l’une des plus belles de la contrée, et les voyageurs pressés devraient peut-être la préférer à celle même de Saint-Michel. (V. p. 106.)




CHAPITRE VI

autour de peyreleau.


Peyreleau. — Le Rozier. — Le trésor du château de Triadou. — Les salades du marquis d’Albignac. — Panorama du point 815. — Le pont des Arcs. — La vallée du Tarn. — Peyrelade. — Le connétable d’Armagnac. — Une page d’histoire de France. — Les ruines et le chien de Saint-Jean-de-Balmes. — L’ermitage Saint-Michel. — Jean Grin le loup-garou. — La corniche du causse Noir. — Le cirque de Madasse.


Par 385 mètres d’altitude environ, la Jonte, issue du couloir d’entre causse Noir et causse Méjean, fait sa soumission au Tarn, échappant lui-même à son cañon. Au bec de confluent se trouve la limite des deux départements de l’Aveyron et de la Lozère.