Aller au contenu

Page:Martel - Les Cévennes et la région des causses, 1893.djvu/114

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
105
autour de peyreleau

ou vérité, l’anecdote est curieuse à recueillir : le chien de Saint-Jean-de-Balmes n’était-il pas de la même famille que celui d’Aubry de Montdidier, que l’histoire a célébré sous le nom de chien de Montargis ?

À 900 mètres d’altitude, en plein causse désert et tout moutonné de mamelons chauves, au milieu de chaos pierreux où s’étiole une végétation rachitique, avec les premiers plans de l’horizon déchirés tout alentour par les dents dolomitiques du rebord des causses, prêtes à broyer au bas de leurs murailles l’imprudent qui en tenterait l’escalade, Saint-Jean-de-Balmes étonne et plaît au premier coup d’œil : sa tour massive et ses voûtes délabrées sont d’un grand effet dans

Ermitage Saint-Michel. — Dessin de Vuillier, phot. Chabanon. (Communiqué par le Club alpin.)


la solitude sauvage (gâté par une récente restauration) et font de ce lieu un tableau sévère et original, digne préambule des surprises prochaines.

Arrivé là, il faut, pour regagner le bord même du plateau, tourner au nord en quittant la route, monter à travers champs à 905 mètres, entre les métairies de Massabiau et de la Bartasserie, puis redescendre vers la Jonte d’une centaine de mètres environ. Soudain, à un détour du sentier, une profondeur énorme se creuse à nos pieds, accrue encore par l’obscurité impénétrable d’un bois de hêtres et de pins : une clairière ensoleillée s’ouvre quelques pas plus loin, et nous voilà cloués sur place, muets d’admiration devant le tableau de l’ermitage Saint-Miquel ou Saint-Michel et son cadre de cañon américain.