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les cévennes

À droite s’épanouit le Cirque des Rouquettes, le plus petit, mais le plus beau, de Montpellier-le-Vieux ; on pourrait en faire un amphithéâtre, une arène pour des combats de gladiateurs ou de taureaux, en relevant quelques piliers, en rejointoyant quelques gradins éventrés, en réparant les escaliers naturels des ambulacres. Quatre pas encore, et nous embrassons tout l’ensemble de cette cavea antédiluvienne. Un peuple de cyclopes trouverait place dans ses tribunes et ses cunei ; pour tendre un velarium, il suffirait de dresser les mali sur les pilastres qui entourent le portique ou promenoir supérieur ; l’arène, bien unie, est envahie d’herbe et de buissons, mais quelques coups de faux lui rendraient vite son niveau de combats. Si les empereurs Héliogabale et Carin étaient jamais montés ici, nul doute qu’ils n’eussent fait afficher à l’entrée l’album des circenses,

Porte de Mycènes. — Phot. Chabanon. (Communiqué par le Club alpin.)


distribuer les tessere ou billets et répandre la poudre rouge de cinabre pour étancher le sang des blessés.

On retrouverait encore au besoin les carceres ou loges des animaux féroces dans les grottes qui s’ouvrent sur les galeries ; et le majestueux silence des ruines antiques règne aussi dans cette enceinte mystérieuse. Le grand axe du cirque à 500 mètres ; le petit, 200 mètres de longueur ; l’ovale est donc plus allongé que dans les constructions romaines qui y ressemblent. Le Vomitorium (n° 32), malheureusement à peu près barré à son extrémité sud, fait songer à ces baies profondes des amphithéâtres romains qui vomissaient sur les gradins la foule empressée des spectateurs. Entre ses deux hautes parois se trouve, merveilleusement encadré, le magistral décor de fond des Rouquettes (Ciutad, Douminal, etc.), partagé en trois étages surperposés ; un gradin, sur lequel s’ouvre la Grotte (n° 34), fait de plain-pied tout le tour du cirque ; plusieurs rues divergeant et montant vers le nord conduisent au Lac, à la Citadelle ou à la Millière : rues du Lac (n°35), de la