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la vallée de la jonte

« Après une navigation très courte (20 m. environ), nous parvînmes à l’autre extrémité de la nappe d’eau. Là, à 5 mètres de hauteur, s’ouvrait une excavation, où nous pénétrâmes à l’aide d’une échelle que les gens des Douzes avaient bien voulu nous prêter.

« L’une de ces galeries, placée à gauche, nous conduisit dans une vaste salle haute de 30 mètres (?), dont le plafond, le plancher et les parois sont recouverts de stalactites et de stalagmites aux formes bizarres.

« De cette excavation partaient une foule de galeries à sec, couvertes d’un sable de rivière très fin et contenant du mica. On remarquera que les souterrains du causse sont entièrement calcaires, et que, le mica y faisant défaut, celui qui se

Source des Douzes. — Phot. G. Gaupillat.

trouve dans les galeries a dû être entraîné de fort loin par le cours d’eau souterrain dont nous avions perdu la trace momentanément.

« D’autres galeries finissaient, brusquement obstruées par le sable que les eaux y avaient charrié.

« Nous marchions à la file indienne, munis chacun d’une bougie, et Louis Armand dirigeait notre colonne.

« Ayant stoppé sur son ordre, il nous prévint qu’il était arrêté par un trou noir et profond dans lequel il croyait percevoir de l’eau. À peine finissait-il de parler que nous entendîmes le bruit d’un léger éboulement, puis la chute d’un corps tombant dans l’eau d’une certaine hauteur.

« Il me serait impossible de décrire l’angoisse profonde qui s’empara de nous.

« Nous n’avions pas même une corde de sauvetage, et, le premier moment de