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causse noir. — dourbie. — monts du vigan

pour la Dourbie, Dourbies, Saint-Jean-du-Bruel, Nant, Cantobre (à la pointe du causse Bégon), Saint-Véran, la Roque-Sainte-Marguerite, le Monna, Millau ; — pour le Trévesel, Malbosc, Trèves et Cantobre ; — pour le Bonheur-Bramabiau, Camprieu et Saint-Sauveur-des-Pourcils ; — pour la Garenne, Lanuéjols.

En résumé, le causse Noir, bien moins compact que le Méjean, est scindé en quatre parties, et vers le sud-est il a pour bornes indécises une alternance de monts et de rivières : la Dourbie, la chaîne du Suquet, le Trévesel, Bramabiau, la Croix de fer.

Tout cet écheveau de calcaires et de granits entremêlés est sillonné de routes à peine achevées :

De Millau au Vigan, par la Dourbie, Nant, Saint-Jean-du-Bruel, Sauclières, Alzon et l’Arre ; — de la Roque-Sainte-Marguerite à Saint-Jean-de-Balmes, par Saint-André-de-Vézines ; — de Cantobre à Lanuéjols, par Revens ; — de Cantobre à Trèves (en construction) ; — de Trèves à Camprieu, à Lespérou et à Valleraugue ; — de Saint-Jean-du-Bruel à Trèves ou à Dourbies et à Lespérou ; — de Lespérou enfin au Vigan.

Au surplus, que le lecteur ne cherche pas à comprendre sans la carte ; et puis si le secours de celle-ci même ne l’éclaircit pas suffisamment, qu’il y renonce : c’est à peu près indéchiffrable !

Ajoutons que, pour comble de simplicité, le causse Noir appartient à trois départements : le Gard, la Lozère, l’Aveyron.

Ses points les plus bas sont à 706 mètres (cirque des Rouquettes de Montpellier-le-Vieux) et 732 mètres (près Aleyrac) ; les plus élevés, à 1,178 et 1,183, près du col du Parc aux Loups. La dénivellation est pareille à celle du causse Méjean, égale à la profondeur des cañons contigus.

J’oubliais de noter que les caussenards noirs sont d’une affabilité et d’une complaisance qui surprennent en ces déserts. Ils disposent avec la meilleure grâce en faveur des touristes de leur pauvre matériel et de leurs minces réserves de pain noir, laitage et lard fumé. On trouvera toujours chez eux les éléments constitutifs d’une omelette champêtre. Ils ne sont cependant pas plus favorisés par la culture : le sable provenant des roches désagrégées et une légère couche d’humus n’alimentent qu’une précaire végétation ; lilliputiens sont les chênes et pins rabougris, tordus par les vents et ne donnant pas d’ombre aux maigres pièces de blé, d’orge, d’avoine et de pommes de terre réfugiées dans les bas-fonds.

C’est surtout sur les avens du causse Noir qu’ont porté nos explorations de 1889. (V. p. 78 et chap. XXIII.) Nous sommes descendus dans les sept suivants : Dargilan, près du hameau de ce nom (profondeur 30 m.) ; Altayrac (70 m.), l’Egue (de aqua, eau, ou equus, cheval) (90 m.), Combelongue ou Marlavagne (85 m.), Guisotte (72 m.), tous quatre au milieu du causse, entre Saint-Véran et Veyreau ; la Bresse (120 m.), et Tabourel (133 m.), plus à l’ouest, entre Maubert et Peyreleau. — De plus, nous avons, autour de Longuiers, sondé ceux du Valat-Nègre (55 m.), de Péveral (72 m.) et de Trouchiols[1] (130 m.).

Le mamelon de Punche-Dagost (841 m.) forme le cap extrême du causse Noir, entre la Dourbie et le Tarn, au-dessus de Millau ; à ses pieds s’étendait jadis la ville gauloise de Condatemag, dont aucune pierre n’a subsisté.

La Dourbie, comme la Jonte et le Tarn, forme une coupure étroite et pro-

  1. Exploré en 1892, puits vertical sans issue, un peu d’eau au fond.