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causse noir. — dourbie. — monts du vigan

Là, à 40 mètres au-dessus de la route, s’ouvre la grotte de l’Aluech ou de la Poujade : elle ne mérite pas une visite ; c’est le déversoir d’une source intermittente (marquée comme telle sur la carte de Cassini), qui coule pendant un ou plusieurs mois, et quelquefois une année ou deux, à des intervalles de six à vingt-cinq ans, et qui semble diminuer de volume à chaque apparition[1]. Au fond on sent, à l’orifice d’un trou de 15 ou 20 centimètres de diamètre, un courant d’air fort appréciable : notre exploration de 1892 nous a permis de découvrir là un siphon désamorcé long de 150 mètres, dont l’extrémité était bouchée par du sable. La caverne a 300 mètres de longueur en tout. En déblayant ce siphon, très difficile à parcourir, on atteindrait peut-être le réservoir commun des sources voisines, dont la Poujade ne paraît être que le trop-plein.

Au-dessus même de l’Aluech, à 450 mètres en l’air, entre le hameau de Longuiers et le ravin du Valat-Nègre, le rebord du causse Noir porte, comme des créneaux, le chaos rocheux de Caussou, fort détaché de Montpellier-le-Vieux, inconnu avant notre visite de 1889 ; là se rencontrent des obélisques naturels, des arcades, des pyramides de 10 à 20 mètres de hauteur, sculptés, évidés par les anciennes eaux sauvages aux dépens des parties les plus friables de la roche. Une fenêtre ogivale, large et haute de 3 mètres, ouverte dans une muraille de dolomie, donne la véritable illusion d’un porche artificiel. (V. la gravure.)

Vallée de la Dourbie. — Phot. L. de Malafosse. (Communiqué par le Club alpin.)

Sans rien voir absolument de Montpellier-le-Vieux, suspendu à 350 mètres en l’air, on en longe la base pendant 3 kilomètres, jusqu’à la Roque-Sainte-Marguerite, passant à droite la source et le hameau de l’Esperelle, puis la cote 393. Nous avons donné (p. 130) les voies d’accès et les itinéraires de la cité du Diable.

La Roque (837 hab. la comm., 287 aggl.), au confluent du Riou-Sec, le bien nommé, est pittoresquement bâtie à 400 mètres d’altitude, au pied d’un château ruiné du xviie siècle, que couronne une jolie tour à mâchicoulis remontant au moins à 1318.

De là on ira, en trois ou quatre heures aller et retour, visiter Roquesaltes, ce haut

  1. Le 12 juin 1889 nous avons vu la Poujade qui coulait à pleins bords depuis le 1er janvier précédent : il y avait, paraît-il, vingt-quatre ans que cela ne s’était produit.