Page:Martel - Les Cévennes et la région des causses, 1893.djvu/286

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
277
l’aubrac

lieu de canton (1,161 hab. la comm., 754 aggl.), Chaudes-Aigues, la Chaldette (eaux thermales)[1], la Guiole, Aubrac et Saint-Germain-du-Teil.

Il n’importe pas de les décrire toutes : parlons plutôt d’un autre quartier de l’Aubrac.

Au nord du plateau, sur la route de Saint-Chély-d’Apcher à Chaudes-Aigues, dans cette vallée du Bès qui partage si singulièrement en deux parties presque égales l’ellipse naturelle de l’Aubrac (V. p. 265), une intéressante promenade a pour objectif les ruines du château d’Arzenc.

Depuis que Saint-Chély, chef-lieu de canton de la Lozère (1,998 hab. la comm., 1,504 aggl.), s’est élevé au rang de station de la compagnie du chemin de fer du Midi, il est facile de s’y procurer une voiture pour se rendre à Fournels, chef-lieu de canton de la Lozère (558 hab. la comm., 197 aggl.), à 15 kilomètres.

La route départementale court dans la direction de l’ouest, à travers des massifs de pins, des blocs de granit, des colonnes de basalte, longeant de temps en temps un ruisseau aux cascades joyeuses et aux excellentes truites. Elle passe au pied du village de Termes (535 hab. la comm., 183 aggl. ; 1,172 m.), monte à 1,128 mètres et retombe à Fournels à 948 mètres. 2 kilomètres avant ce dernier bourg, la tour de Montalayrac (ou Mont-Alhérac), au sud, émerge d’un bois de pins, en haut d’un piton qui domine tout le pays, à l’altitude de 1,259 mètres.

Ce n’est plus qu’un amas de ruines. Ses débris ont servi à construire la ferme d’Aussets, à 300 mètres plus bas. Du sommet de la butte, la vue est bien dégagée sur la Margeride et le Cantal.

À Fournels, le château (?) date de la Renaissance ; au-dessus d’une des principales portes se lit la date de 1513. Ses tourelles et sa position dominante lui donnent un aspect assez imposant.

Saint-Juéry (198 hab.) est à 3 kilomètres et demi plus à l’ouest, au bord du Bès, que la route traverse sur un pont bâti par… Louis XIV(!)…(?)… (Mlle de Fontanges était dame de Saint-Juéry !)… Le château a disparu à l’époque des guerres religieuses ; les pierres, arrachées aux murailles croulantes, forment maintenant l’église et le presbytère. On en retrouve des débris dans maintes maisons du village.

Rien de pittoresque comme ce hameau, situé à la limite du Cantal et de la Lozère, avec son église à pic sur les bords accidentés de la petite rivière du Bès, encaissée et sauvage. Pour gagner Arzenc (182 hab. la com., 36 aggl.), à 6 kilo- mètres en aval et au nord, on n’en suit pas tous les méandres au fond d’une gorge profonde aux pentes vives, tantôt boisées et tantôt déchirées de roches dentelées ou couvertes de bruyères en fleur, mais on coupe quelque peu à travers champs. Quand on rejoint la rivière, on la voit s’enfoncer de plus en plus ; la vallée étroite se creuse davantage, et, en suivant la crête, on atteint Arzenc (998 m.). Le château a été bâti sur une plate-forme au-dessus du village. À en juger par l’amas des ruines, malgré tout ce que les paysans ont fait disparaître, il devait avoir une certaine importance. À pic sur la crevasse au fond de laquelle coule le Bès se dresse tout ce qui reste de la demeure des seigneurs d’Apcher : une tour éventrée cherchant encore à lutter fièrement contre le temps et les bises de l’hiver. Le coup d’œil est remarquable. Au fond de la gorge, le Bès, encaissé, gêné dans sa course par de nombreuses roches, se tord et bondit, blanc d’écume, pour

  1. Études médicales sur les eaux thermales de la Chaldelle, par P.-Paulin Roussel, docteur-médecin : Bulletin de la Lozère, 1861, p. 302. — Notice sur les bains de la Chaldette : Annuaire de la Lozère, 1828, p. 113.