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Page:Martel - Les Cévennes et la région des causses, 1893.djvu/310

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principes de géologie

des mers primitives, la même croûte dut être crevée par les bouillonnements intérieurs, et des épanchements (éruptions) se produisirent, qui augmentèrent encore la teneur minérale des eaux.

Cependant le refroidissement progressif des mers et surtout la pesanteur attiraient les particules au fond, les appliquaient sur l’écorce première et peu à peu les superposaient en couches, strates ou sédiments.

En même temps, l’évaporation diminuait l’étendue des océans, tandis que l’effervescence du noyau désormais comprimé et emprisonné sous l’écorce se transmettait à cette écorce et la gonflait, la boursouflait par places. Ainsi émergèrent les premières terres, dont les vagues se mirent à battre les rivages incertains et à remanier les éléments, pour les laisser choir dans le fond au fur et à mesure qu’elles les arrachaient. De leur côté, les agents atmosphériques (pluies, grêles, foudre et vent) attaquaient les nouvelles terres, dont les cours d’eau commencèrent à raviner la surface, portant aux mers ce qu’ils enlevaient à leurs bords. À partir de ce moment, et par le seul mécanisme du dépôt au fond des eaux, l’épaisseur de l’écorce terrestre s’accrut d’âge en âge par l’empilement des terrains sédimentaires ou stratifiés.

Un jour, la température ayant considérablement baissé (50 degrés) et l’air s’étant purifié d’acide carbonique par le développement de la végétation, l’albumine put se liquéfier et le sang couler dans les veines : ce jour-là la vie se manifesta sur le globe.

Comment, et produite par quelle force ? L’homme se le demande depuis qu’il existe et ne le saura sans doute jamais !

Toujours est-il que dans les eaux apparurent des annélides (vers) et des crustacés, composant la faune primordiale, tandis que, sur des portions d’écorce, de terrain, déjà mises à découvert, croissaient les premières plantes (lycopodiacées), peu vigoureuses.

« Sans doute, à cette époque les terres émergées n’occupaient qu’une faible étendue, et leurs rivages, sans cesse exposés aux incursions des flots, se prêtaient mal à l’établissement d’une flore continentale. » (De Lapparent.)

Néanmoins les organismes végétaux ou animaux avaient pris possession de la surface du sol, des rivages maritimes et de la masse des eaux ; l’ensemble des conditions extérieures avait subi une transformation qui leur permettait de s’en accommoder ; dès lors ces organismes concoururent aussi à l’accroissement de l’écorce solide du globe, car l’accumulation de leurs débris constitue des roches entières, telles que le calcaire et la houille.

L’atmosphère et la mer s’épurant constamment et la terre se couvrant de plus en plus de plantes et d’arbres, la vie se développa régulièrement, et successivement vinrent les poissons, les reptiles, les oiseaux, les mammifères et l’homme.

Les fossiles. — Les dépouilles et les détritus d’animaux et de végétaux morts tombaient au fond des océans ou des lacs, soit par chute directe, soit charriés par les cours d’eau qui n’avaient pas tardé à sillonner la terre : empâtés dans les vases et les autres résidus inorganiques dont le lent dépôt ne discontinuait pas, ils s’y enchâssaient comme dans une gangue ; et quand un retrait de la mer ou un boursouflement de l’écorce mettait le fond à découvert, la nouvelle terre renfermait dans son sein tous ces restes antiques à l’état de fossiles. C’est là, dans les couches du sol, que les géologues vont les retrouver.