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principes de géologie

sus de l’écorce primitive, la température interne ne baissait plus guère, depuis que l’écran solide de la surface empêchait le rayonnement, c’est-à-dire la perte de la chaleur au contact de l’espace froid ; et l’on comprend que l’ébullition naturelle du noyau, jointe à la compression due au poids de la croûte terrestre, provoquât des soubresauts dans la masse restée en fusion. Nous avons vu que ces secousses déchirèrent l’écorce première, — de nos jours encore elles la crevassent, — et par les fractures ainsi produites s’épancha à toutes les époques et continue à s’épancher l’écume du foyer intérieur. Cette écume, qui change de nature et d’aspect à chaque âge géologique, est ce que l’on appelle les roches éruptives : les volcans modernes et leurs laves en font partie. Les roches éruptives étant venues au jour à une température élevée, en coulées ou tout au moins en pâtes, ont une structure cristalline, c’est-à-dire sont formées par une agglomération de particules à figure géométrique, de cristaux produits par le double fait de la fusion et du refroidissement à l’air libre.

Polypier du corail.

Les roches sédimentaires, au contraire, ont une structure stratifiée, c’est-à-dire sont disposées en feuillets, en assises, en tranches, par suite de la superposition des lits ou couches de vases qui les ont très lentement constituées.

Nous sommes ainsi amenés à distinguer trois espèces de terrains ou roches :

primitifs ou cristallophylliens ; 2° sédimentaires ; 3° éruptifs.

1° Les terrains primitifs sont « l’ensemble des roches que le refroidissement a dû faire naître à la surface du globe lorsque la terre, passant de la phase stellaire à la phase planétaire, s’est recouverte d’une écorce solide, produit de la consolidation de la croûte primitive, formée aux dépens de la masse du globe par la seule déperdition d’une partie de sa chaleur. » (De Lapparent.) Au fur et à mesure de sa coagulation, cette écorce se trouvait remaniée par une mer très chaude chargée de réactifs chimiques

Terrains : a, b, c, d, e, sédimentaires ; — f, g, cristallophylliens ; — M, éruptifs.

et par l’intrusion fréquente (éruptions) du magma liquide sous-jacent (V. p. 308) : cristallisés par refroidissement, délayés en pâtes ou allongés en rubans visqueux par les flots agités, ces terrains devaient prendre forcément une structure à la fois cristalline et stratiforme (gneiss, schistes primitifs, etc.). Aussi d’Omalius d’Halloy les a-t-il nommés cristallophylliens (cristallisés et feuilletés), tandis que Brongniart les qualifiait d’agalysiens (dissous).

2° Les terrains sédimentaires, ou stratifiés, ou d’origine externe, sont des accumulations de vases et de débris organiques au fond des océans successifs, résultats des réactions mécaniques exercées, des remaniements effectués sur les