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les cévennes

matériaux des terrains primitifs par les diverses forces atmosphériques (dynamique externe, érosions, météores, glaciers, etc.).

3° Les terrains cristallins purs ou éruptifs s’appellent plutôt des roches, car leur étendue n’est jamais aussi grande en surface horizontale que celle des autres. Émanés directement du brûlant réservoir intérieur, éjections maintes fois répétées des matières fluides du noyau fondu à travers les crevasses de l’écorce, ils se sont tantôt dressés en murailles saillantes ou dykes (conservés parce que leur cristallinité les protégeait contre les agents atmosphériques), tantôt allongés en coulées, d’autres fois élevés en larges dômes, ou enfin injectés en filons à travers les terrains encaissants, par de vraies cheminées d’éruption.

I. Terrains primitifs. — Les opinions les plus contradictoires ont été émises sur la nature de ces terrains[1].

Provisoirement, on peut partager le terrain primitif en deux étages[2] :

1° Gneiss (granitoïdes à la hase), affectant le caractère éruptif ;

2° Schistes divers, offrant l’aspect sédimentaire.

Le terrain primitif est azoïque (sans vie), dépourvu de fossiles.

En 1863, M. Mac Mullen avait cru y trouver, au Canada, dans le calcaire, un foraminifère dit Eozoon canadense. Ce n’était pas un animal, mais un simple accident minéralogique, ainsi que cela est résulté d’une longue et minutieuse discussion.

« Le gneiss est un agrégat à texture rubanée, formé des éléments constituants du granite : quartz, feldspath et mica. Il ne se distingue du granité que par le parallélisme des lamelles de mica, et aussi, en général, par l’allongement des grains de quartz, qui affectent une forme lenticulaire. C’est l’alignement du mica et sa concentration suivant des surfaces planes ou légèrement ondulées qui déterminent la schistosité et la fissilité plus ou moins parfaite du gneiss. Au microscope, le gneiss se montre entièrement cristallisé et n’offre aucun élément que sa forme permette de considérer comme détritique. » (De Lapparent, p. 650.)

Principales roches du terrain primitif :

Gneiss ;

Micaschistes (Glimmerschiefer) : quartz et mica disposés en zones alternantes

Leptynite, grain fin, feldspath et quartz (granulite stratiforme) ;

Pétrosilex ou Halleflinta, leptynite compacte ;

Quartzites, agrégat compact de grains ou cristaux de quartz ;

Amphiboloschistes ou amphibolites, agrégat schisteux de quartz et d’amphibole ;

Chloritoschistes ou chloroschistes, schistes chloriteux ;

Talcschistes ou talcites ou stéaschistes ou schistes sériciteux (la séricite est un mica onctueux au toucher, qu’on prenait jadis pour du talc) ;

Cipolins, calcaires schisteux et cristallins (micacés, sériciteux ou chloriteux), sortes de concentrations de carbonates de chaux intercalées dans les gneiss.

Caleschistes micacés, intermédiaires entre les cipolins et les micaschistes.

II. Terrains sédimentaires. — « Les dépôts détritiques, qu’on appelle aussi élastiques, résultent de la destruction, par les vagues de la mer, l’eau des rivières ou les agents atmosphériques, de roches préexistantes, dont les élé-

  1. Michel Lévy, Origine des terrains cristallins primitifs : Bulletin de la Société de géologie, 3e série, t. XVI, 21 novembre 1887.
  2. Étude sur les roches de Commentry : Bull. de la Soc. minérale de Saint-Etienne, 4e série, t. II, 4e livr., 1888.