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géologie des causses et des cévennes

niveau d’une puissante masse de dolomie caverneuse, grise, pulvérulente, dite grésou ou brésillière, que l’on emploie en guise de sable pour le mortier des constructions ; cette dolomie appartient à l’oxfordien supérieur, étant superposée aux calcaires blancs fragmentaires à Ammonites plicatilis (Fabre).

Les formations coralliennes et tithoniques s’observent surtout dans l’est du causse Méjean (?), au petit causse de Blandas, à la Séranne, et au sommet des hauteurs, jurassiques aussi, qui encaissent le cañon du moyen Hérault.

Au bord des schistes primitifs, le bassin de Meyrueis est un remarquable lieu liasique riche en fossiles. Les failles ont aussi produit là, entre l’Aigoual et les causses Méjean et Noir, de tels dérangements, que le jurassique s’abaisse brusquement depuis le col de Perjuret et que l’oxfordien se trouve presque au niveau du village[1].

Pour le Larzac méridional, M. Collot a donné la coupe suivante entre Saint Étienne-de-Gourgas et le Caylar[2] :

Trias. — Types divers du lias. — Bajocien. — Dolomies bathoniennes, épaisses de 10 mètres à Saint-Pierre-la-Fage et de 120 mètres au pas de l’Escalette. — Oxfordien.

La vallée de la Vis montre l’oxfordien surmonté de dolomies coralliennes (Coquand et Boutin).

À Novacelle, voici la coupe : la Vis, par 300 mètres d’altitude, coule dans l’oxfordien (rauracien) ; au-dessus viennent le calcaire à Ammonites polyplocus et les dolomies coralliennes ; le sommet des causses est à 675 mètres sur la rive gauche et à 633 sur la rive droite (Fabre).

Au défilé de l’Hérault, entre Ganges et Saint-Bauzile, le profil de la montagne de Thaurac (V. p. 218) se présente ainsi :

Oxfordien, épais de 140 mètres. — Dolomies kimméridgiennes (?), épaisses de 80 mètres (Coquand et Boutin).

La montagne de la Séranne a sa base formée par le corallien inférieur (zone à Terebratula janitor), calcaire compact gris clair, dolomitique, ruiniforme (correspondant aux dolomies brunes des pics d’Anjeau et de la Tude et du causse de Blandas), épais de 120 mètres (Jeanjean ; E. Dumas le rapporte à l’oxfordien supérieur, et Coquand à l’astartien). Le haut de la Séranne relève du corallien supérieur ; zone à Diceras lucii, calcaire compact blanc ou jaune, rarement dolomitique, plutôt oolithique ou crayeux, épais de 150 mètres (Jeanjean) ; débris organiques difficiles à obtenir intacts.

« La Séranne est corallienne, d’Elze(443 m.) au sommet (943 m.)[3] »

Dans une très remarquable et toute récente étude, M. G. Fabre a constaté à la montagne de la Tessonne (roc des Pézouls [760 m.], vallée de l’Arre, au sud-ouest du Vigan et au bord septentrional du causse de Blandas) l’absence du lias inférieur bu sinémurien (zone à Gryphæa arcuata) et du lias supérieur ou toarcien (marnes bleues), ainsi que l’état rudimentaire du lias moyen (liasien) et du bajocien. Il en tire la déduction suivante : « On se trouve ici sur une sorte de haut-fond qui, à l’époque du lias, séparait le bassin des Causses de la pleine mer

  1. V. Dieulafait, Bull. de la Soc. géologique, 11 janvier 1869.
  2. Bull. de la Soc. géologique, 3e  série, t. III, p. 390.
  3. V. Sarran, Note sur les sondages du Gard : Bull. de la Soc. industrielle minéralogique de Saint-Étienne, t. IX, 1880, p. 453-535 ; — A. Jeanjean, Terrains jurassiques des Cévennes : Mémoires de l’Académie de Nîmes, 1880, p. 139-170 et 287-316.