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ouverte vers le sud-est. Ce haut-fond se rattachait à un ridement de roches anciennes qui préludait entre le mont Lozère et l’Aigoual à l’axe des Cévennes, et qui se prolongeait au sud-ouest vers Lodève, sous la nappe des sédiments jurassiques du Larzac… À l’époque toarcienne, ce ridement s’était encore accentué et avait fermé toute communication directe entre le bassin des Causses et le Languedoc par-dessus l’axe des Cévennes, ne laissant libre qu’un détroit vers Lodève. Ce seuil ou bombement, déjà dessiné à la fin de l’hettangien, s’est maintenu pendant tout le temps du bajocien, laissant à peine une communication précaire entre les deux bassins maritimes[1]. »

M. Gollot a relevé la même particularité aux environs de Lodève et exposé que « la période de l’infra-lias paraît répondre… à un mouvement lent de descente et… à une profondeur assez grande de la mer. À la fin de cette période, la sédimentation fut arrêtée, sans doute, par un relèvement rapide… Après que les dépôts du bas inférieur et de la zone à Ammonites fimbriatus se furent formés dans l’Aveyron et dans le Gard, une deuxième période de descente paraît avoir commencé pour les terres de l’Hérault… Le mouvement fut lent, et le sol paraît avoir longtemps encore formé un relief sur lequel les sédiments s’accumulaient, moins épais toutefois que ceux de l’Aveyron, avec lesquels ils sont continus. »

« À Saint-Pierre-de-la-Fage, le lias manque peut-être en entier. »

Voici la coupe de la Tessonne (Fabre) :

Trias : grès et marnes bariolées.

Rhétien : grès grossier ; faciès littoral avec végétaux terrestres au lieu de fossiles marins.

Hettangien : zone à Ammonites planorbis sans fossiles ; calcaires blancs ; apparition de la dolomie, qui exclut toute vie animale (dolomie infra-liasique du Gard).

Manquent : zones à Ammonites fimbriatus, Gryph. obliq et Gryph. arc.

Liasien : rudimentaire, calcaire bleu à bélemnites (partie supérieure seulement).

Toarcien manque.

Bajocien : rudimentaire.

Bathonien : calcaires blancs oolithiques, épais de 100 mètres, fossiles informes ; dolomies.

Callovien : calcaire spathique miroitant (dalle nacrée du Jura) avec beaucoup d’ammonites.

Oxfordien : petite couche glauconieuse, marnes grises et calcaires marneux.

Rauracien glypticien : 190 mètres de dolomies ruiniformes.

Calcaires à Ammonites polyplocus : calcaires lithographiques de Montdardier ; dolomie grises (synchroniques des calcaires blancs à Diceras lucii de la Séranne). C’est l’oxfordien supérieur de M. Jeanjean (car ici encore il y a des controverses).

Un ordre de faits particuliers, le phénomène sidérolithique ( V. p. 327), est encore à signaler dans les formations jurassiques des Causses :

« Les Causses sont traversés par un réseau compliqué de fentes et de failles, remarquables au point de vue des minéraux qui les accompagnent constamment.

« Ces fractures n’ont pas été, en effet, de simples dislocations du sol ; elles ont servi de conduites d’ascension et d’écoulement à des sources thermales minéralisatrices, qui, d’une part, ont produit de singuliers effets de métamorphisme sur les calcaires encaissants, et, d’autre part, ont rempli de diverses substances minérales les vides où elles circulaient. Les failles ou fentes sont devenues ainsi de véritables filons.

« La substance qui les remplit est une sorte d’argile d’un rouge très vif qui trahit sa relation avec les émanations profondes par sa couleur même, due au

  1. Bull. de la Soc. géologique, 3e série, t. XVII, p. 331, 18 février 1889.