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la flore


CHAPITRE XXIV

la flore.[1]


Il existe entre la flore des terrains calcaires et celle des terrains siliceux (granitiques et schisteux) des différences tellement grandes, si nettement tranchées, qu’elles ne sauraient échapper à l’observation la plus superficielle. Le contraste est si marqué qu’il peut suffire à dénoncer avec certitude un changement dans la nature du sol.

Cette corrélation absolue, intime, définitivement acquise à la science, permet d’affirmer que la distribution des plantes à la surface de la terre n’est pas le résultat de circonstances quelconques ou fortuites, mais qu’elle doit être soumise à certaines lois résultant d’un ensemble de conditions ou d’influences dont nous devons dire quelques mots.

Ces diverses influences sont : la température, la lumière, l’eau, la nature du sol, l’action des êtres organisés, plantes ou animaux, et enfin le mode de répartition antérieure.

La physiologie végétale nous enseigne qu’il existe pour chaque plante une température minima au-dessous de laquelle ses fonctions ne s’accomplissent pas, une température maxima au-dessus de laquelle il n’y a pas non plus de développement possible, et une température optima, la plus favorable à son développement. Au-dessous du minimum comme au-dessus du maximum il existe des températures inutiles, pendant lesquelles la plante reste à l’état de vie ralentie. Ces températures inutiles se terminent à des limites, variables pour chaque espèce, au-delà desquelles la mort survient. Ainsi la plante ne saurait vivre et se développer normalement qu’entre certaines limites de température ; elle ne peut donc pas exister sous tous les climats.

Tout le monde sait que certaines espèces végétales ne croissent que dans les bois épais, à l’ombre ; transportées en pleine lumière, elles languissent et ne tardent pas à mourir. D’autres, au contraire, et c’est le cas le plus général, réclament une quantité plus ou moins grande de lumière. Ces dernières diffèrent des plantes amies de l’ombre par divers caractères qui frappent au premier abord : vigueur, verdure intense, odeur aromatique.

L’eau joue aussi un rôle considérable dans le mode de distribution des plantes. Rappelons seulement, en passant, que certaines ne peuvent vivre qu’au sein de ce liquide (plantes aquatiques). Quant aux autres, il en est qui ont pour l’eau des exigences très considérables et ne sauraient vivre dans des sols qui ne seraient pas très humides ; on les appelle hygrophiles. D’autres, au contraire, s’accommodent très bien de la sécheresse, ou même ne sauraient prospérer que presque complètement privées d’eau : ce sont les xérophiles.

  1. Ce chapitre est dû tout entier à l’obligeante collaboration de M. Ivolas, professeur au lycée de Millau, qui, plus compétent que personne autre en la matière, a bien voulu le rédiger spécialement pour ce volume. Nous ne saurions trop l’en remercier.