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les cévennes

sont pas absolument d’accord à cet égard, et certains pensent que telles espèces calcicoles dans une contrée peuvent être ailleurs indifférentes ou même calcifuges[1].

Par suite de toutes ces influences, les mêmes espèces végétales se groupent, se réunissent, et occupent des espaces parfaitement délimités, dont la surface totale constitue leur aire. Il est évident que dans toute l’étendue de son aire la même espèce n’est pas distribuée avec la même profusion. Généralement elle est plus abondante autour d’un point qu’on appelle le centre de l’aire, et elle diminue ensuite en nombre et en vigueur à mesure qu’elle s’en éloigne.

Enfin on appelle stations certains endroits particuliers où la plante trouve plus spécialement le substratum indispensable à son développement. C’est ainsi que les pelouses, les cultures, les bois, etc., sont autant de stations différentes.

Ce que nous venons de dire relativement aux influences qui président à la répartition des plantes nous permet de concevoir à priori quels seront les caractères de la végétation des Causses.

Tout d’abord, à cause de leur température moyenne, qui ne dépasse pas 8 degrés centigrades, nous aurons affaire à des plantes des régions montagneuses. Nous trouverons, en effet, sur les Causses quelques plantes alpines et un assez grand nombre de subalpines. Les plantes de la région méditerranéenne y seront très rares.

Ce seront aussi des plantes de pleine lumière, presque toujours vigoureuses, et souvent aromatiques.

De plus, ce seront des espèces xérophiles, ou amies de la sécheresse, les unes lithiques, c’est-à-dire amies des pierres, des rochers, — les autres psammiques, ou amies des sables. Les hygrophiles manqueront d’une façon presque absolue ; nous ne trouverons, en effet, que peu ou même point de cypéracées (joncs, carex, etc.).

Enfin et surtout ce seront des plantes calcicoles à des degrés divers, beaucoup même des calcicoles exclusives ou bien des indifférentes, les premières en nombre beaucoup plus grand.

La lecture des listes suivantes des plantes que nous avons observées sur les Causses confirme ces prévisions de la façon la plus absolue. Qu’on nous pardonne la longueur de ces listes ; nous les avons faites aussi courtes que possible ; les écourter davantage nuirait à l’idée exacte que l’on doit se faire du caractère tout spécial de la flore des Causses.

Nous énumérerons successivement les espèces que l’on rencontre habituellement dans les stations suivantes :

1o Cultures des plateaux ;
2o Pelouses des plateaux ;
3o Lieux pierreux ou arides des plateaux ;
4o Rochers.
5o Bois des plateaux et des pentes ;
6o Lieux arides et rocailleux, broussailles et pelouses des pentes.


1° Cultures des plateaux.
Adonis flammea Jacq.            Erysimum perfoliatum Crantz.
Fumaria Vaillantii L. Camelina sylvestris Wallr.
Sinapis arvensis L. Neslia paniculata Desv.
  1. A. de Candolle, Géographie botanique ; — Gast. Bonnier : Bull. de la Soc. botanique de France, t. XXVI, p. 338 ; — Malinvaud : même recueil, t. XXXII, p. XLV, session de Charleville, 1884.